Requiem | Fauré
Après la période révolutionnaire, le rétablissement du culte en 1803 entraîne un renouveau de la musique sacrée en France, en particulier sous l’impulsion de la Chapelle de Napoléon puis de Louis XVIII et Charles X : Cherubini, Paisiello, Martini, Lesueur et Plantade en sont les principaux fournisseurs. À cette première époque « romantique » du répertoire d’église – encore redevable aux règles classiques –, succèdent des compositions fortement teintées de théâtralité. Les numéros de solistes empruntent au grand opéra et aux formules italiennes, l’orchestre s’agite comme s’il soutenait un drame lyrique et le chœur apostrophe volontiers les fidèles. Il n’est pas étonnant que le genre du requiem supplante alors la simple messe, car le pathétique de sa destination appelle de grands effets d’harmonie et d’instrumentation. Berlioz, Ambroise Thomas et Saint-Saëns, notamment, les prodiguent avec efficacité. C’est à partir de 1870 que le spectaculaire cède la place à un recueillement plus éthéré. L’intime s’exprime par un retour à l’épure, que les modèles du chant grégorien et du motet de la Renaissance incarnent parfaitement. C’est dans ce contexte « néo-palestrinien » que la Messe de Clovis de Gounod et le Requiem de Fauré voient le jour à quelques années d’intervalle.
Alexandre Dratwicki | Directeur artistique du Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française
Informations
Produit chez Alpha Classics.
Coproduction Le Concert Spirituel, Palazzetto Bru Zane & Alpha Classics / Outhere Music France.
Enregistré en 2022 à la Chapelle de Conflans de Charenton-le-Pont.
Programme produit par Le Concert Spirituel sur une idée du Palazzetto Bru Zane.
Sortie le 23 août 2024
Durée CD : 59'
Distribution
Emöke Baráth Soprano
Philippe Estèphe Baryton
Chœur et Orchestre Le Concert Spirituel
Hervé Niquet Direction musicale
« Mon requiem a été composé pour rien....pour le plaisir, si je puis dire… », c'est en ces termes que Gabriel Fauré évoquait son Requiem, probablement l'une de ses partitions les plus connues et les plus jouées aujourd'hui.
Si le Requiem de Fauré est un monument de la musique sacrée française, la Messe de Clovis de Gounod est beaucoup moins connue. Elle a été composée à partir de 1891 en hommage à Clovis qui, comme Jeanne d’Arc, était devenu une figure tutélaire après la défaite de 1870 contre la Prusse… Ces deux œuvres ont en commun un caractère recueilli et intime, comme un retour à l’épure du chant grégorien. Ce qui n’enlève pas au Requiem de Fauré son caractère jubilatoire : « cette matière sonore chaleureuse et luxuriante conduit à l'élévation de l'esprit » dit Hervé Niquet. La version enregistrée ici est celle de 1893, dans une orchestration sans violon ni bois. Une nouvelle version avec grand orchestre verra le jour en juillet 1900. O salutaris de Louis Aubert (1877-1968) pour soprano, violon, harpe, orgue et chœur et L’Adagio pour violon et orgue d’André Caplet (1878-1925) complètent ce programme, coproduit avec le Palazzetto Bru Zane et servi avec ferveur par le Concert Spirituel.